Wednesday, December 15, 2010

En direct de la rue épisode 4: Le roi de la route!

Assis sur son trône, cigarette à la main,
Il navigue nonchalamment entre les voitures.
Son café fume doucement à ses cotés,
Tandis qu'il commente le théâtre du monde à son fidèle copilote.
A travers son pare-brise, l'univers entier semble être un jeu entre ses mains.
Un passager se pointe à l'horizon, il vire tout à droite sans prévenir
Et crée sur son passage une cacophonie de klaxon.
Mais il ne s'en soucie guère, la route lui appartient.
Il fait beau aujourd'hui et l'envie lui prend d'avancer à pas de tortue.
A l'arrière, les passagers trépignent d'impatience.
Ça, c'est sur, aujourd'hui, ils seront en retard au boulot.
Un peu plus tard, la circulation devient dense et tombent des gouttes de pluie.
La fin de la journée approche et le roi impatient de rentrer,
Slalome entre les voitures à toute allure
Alors que les passagers s'agrippent en faisant leur prière.
Mais tout va bien, ce soir tout le monde sera rentré sain et sauf.
Demain, une nouvelle journée commence,
Celle d'un chauffeur de bus libanais, le roi de la route!

 

Monday, December 6, 2010

Apres la secheresse

La terre gémissait:
-ma peau vieillit et se couvre de fissure, serait-ce ma fin?
 La mer ressemblait à un lac endormi, aucun mouvement ne venait perturber sa surface.
On aurait dit que le temps s'etait arrêté.
On aurait dit que la planète ne voulait plus tourner:
-Oh! J'en ai marre de tourner autour du soleil! Et puis toutes ces saisons qui me labourent la tête!
Na! Je fais grève!
Les arbres, les pauvres, hurlaient de douleur sous l'assaut du feu.
Leur plainte sélevait dans une colonne de fumée et arriva au ciel.
Celui-ci faisait la sieste. La fumée arriva à ses narines et:
-"Krak! Broum! Atchoum!"
Il éternua bruyamment en de puissants orages et:
-Plic, plic, ploc!
De grosses gouttes d'eau se mirent à tomber de partout!
Oui, il pleut! Le ciel déverse son réservoir.
Il s'était endormi un peu trop longtemps...


 

Wednesday, December 1, 2010

En direct de la rue, episode 3: Taxi!



-Taxi! Taxi!
Violette s'agite et sautille sur le trottoir. Elle est en retard!
Le spectacle semble bien plaire à certains.
Assis à l'entrée d'un immeuble, une bande de gars testent leurs talents de chœur:
-Taxi! Taxi!
Ils hurlent en prenant une voix efféminée puis éclatent de rire; ce qui ne manque pas d'exaspérer la jeune femme.
Enfin un taxi s'arrête. Violette bondit dans la voiture.
-Vous allez ou ma petite dame?
-Place Amine Pacha s'il vous plait, suis pressée!
-OK c'est parti!
Sur la route, la circulation est dense, c'est une heure de pointe. Violette ne tient plus en place.
-Mais on y arrivera jamais!
-Mais si, mais si, dans dix minutes tout au plus.
Erik regarde la jeune femme inquiète dans son rétroviseur et sourit:
-On dirait que votre affaire est bien urgente. Vous n'allez pas accoucher dans ma voiture tout de même?
Il réussit à obtenir un sourire de ce visage crispé.
-Non, non je vous rassure mais j'ai un rendez-vous pour une embauche alors...
-Ah! C'est à quel heure?
-Dix heures!
-Mais il est déjà dix heures dix!
-Grrr... Je sais!
-Allons, allons, un de perdu, dix de retrouvés!
-Ah ben merci alors!
Erik s'esclaffe. Puis prend un air ébahi:
-Oh! Regardez moi ça! 
La jeune femme, intriguée demande:
-Eh bien quoi?
-La sublime créature qui se promène sur le trottoir parée de toutes ces couleurs.
-Quoi, ça? Qu'est-ce que vous lui trouvez?
-Mais voyons regardez moi ces hanches et ces rondeurs qui chantent et qui dansent. Regardez cette démarche et tous ces tissus de toutes les couleurs. On dirait un spectacle de danse africaine offert rien que pour nous.
-Oui, pour vous surtout. Mais franchement, regardez sa graisse qui dépasse de partout.
-Oh! Plus la chair est abondante, plus longue la jouissance. Hahaha!
-Enfin, on est arrivé!
-Eh oui! Ça vous fera dix livres tout rond!
-Voilà!
Violette sort en courant et Erik reprend sa route en chantant...



Sunday, November 28, 2010

L'Arbre et l'Enfant




Dans le parc du quartier Gianni, il y avait un arbre, un marronnier.
Il s'appelait Boa.
Bien sur, les hommes ne connaissent pas son nom, seuls les arbres se connaissent et se comprennent.

Ce matin là, Boa ce sentait un peu seul et mélancolique.
Ses amis les autres arbres du parc ne s'en soucièrent guère.
La vie est bien dure dans la ville, avec la pollution, les bruits et les lumières agressives.
Il fallait être fort pour survivre, il fallait être insensible.

Alors Boa, n'ayant personne à qui se plaindre, se tourna vers le ciel et se mit à lui parler:
-Ah si seulement j'avais un ami qui pouvait me comprendre. 
Tous ces hommes passent à nos pieds et s'asseyent à notre ombre; 
mais jamais ils ne nous prêtent attention, jamais ils nous regardent.
Quelle monde indifférent dans lequel nous vivons aujourd'hui.

Alors qu'il baissait son regard, Boa vit un enfant s'approcher.
Soudain, il sauta sur ses branches, et se hissa au sommet de l'arbre sans difficultés.
Bien qu'un peu secoué par la brutalité de l'enfant, Boa se réjouit d'avoir un peu de compagnie.
Il essaya de parler à l'enfant assis sur une de ses plus hautes branches.
Il fit chanter ses feuilles, reluire ses branches au soleil, mais l'enfant n'y prêta pas attention.

-Regarde-moi enfant, écoute-moi, j'ai tant de choses à te dire. 
Tu sais, cela fait vint-cinq ans que j'habite ce parc et jamais personne n'avait encore escaladé mes branches.
Tu est fort, tu es différent des autres. Tu m'entends?

L'enfant ressentait la chaleur de l'arbre et semblait entendre sa voix dans ses pensées, comme dans un rêve.
Il s'exclama: 
-Mais tu es un arbre toi, tu peux pas parler!
-Si, si je peux, si tu veux bien écouter. Les gens sont pressés, c'est pour cela qu'ils ne m'entendent jamais.
Alors ils disent que les arbres sont muets!

L'enfant fut fort surpris et un peu effrayé, il faut dire.
Il descendit de l'arbre à toute vitesse et partit rejoindre ses amis un peu plus loin.
Bien sur il ne dit rien de sa conversation avec le marronnier, personne ne le croirait de toute façon.
Boa criait:
-Attends, attends, ne t'en va pas! Écoute-moi! Laisse-moi te dire...

Mais l'enfant était déjà loin et ne l'entendait plus.
Boa soupira, mais il était content. 
Il était heureux d'être le premier arbre du parc qui avait réussi à parler avec un homme.


 

Saturday, November 27, 2010

En direct de la rue, episode 2: Au rendez-vous des fauchés



Au rendez-vous des fauchés, place Point-Carré,

Y a Mathilda qui danse au son du Djembé,

Yasmina rigole si fort alors que Ali et Mauricio se bagarrent virilement.

Le soir tombe doucement et Layla va encore se faire gronder,

Il est tard et elle n'est toujours pas rentrée!

Jean-Richard et Raymond vident la canette de bière,

Tout à l'heure c'est Hussein qui va la dribbler.

Et une passe magistrale interceptée par Didier, 

Il propulse la canette dans les jambes de l'oncle Bilal.

Assis tranquillement à bavarder avec ses vieux compères,

Le voilà qui se met à hurler et brandir sa canne dans tous les sens.

Décidément, quelle soirée! 

Mais ici, c'est une coutume:

Tous les soirs, les enfants de la cité se retrouvent,

A la place Point-Carré, au rendez-vous des fauchés.

Friday, November 26, 2010

En direct de la rue, épisode 1: Ahmed

-Ahmed, il rigole tout le temps.

Tiens, le voilà qui arrive à l'autre bout de la rue.

T'entends? on entend son rire jusqu'ici!

Tout le temps en train de faire des farces celui-là, j'te jure!

Attention! Il épargne personne.

Voilà il arrive!

Oh mince! la vieille dame qui sort de chez elle avec son chien!

J'espère qu'il va la laisser tranquille, c'est la mère d'un flic!

Aie! oulala! t'as vu comment elle l'a frappé avec son sac?

Une vrai catcheuse! Il a du lui dire un gros truc, laisse tomber!

Tiens Salut Ahmed! Ben alors tu t'es bien fait tabassé là!

Qu'est ce qui s'est passé?

-ben rien de spécial, j'ai juste dit "les chiens passent et les mémés ramassent".

C'était pour rire.

Wednesday, November 17, 2010

L'Oiseau Migrateur

Tu le sais. 
Tu le sens. 
Toute ta chair se crispe. 

L'air a changé. 
Le parfum de la terre remplit tes narines.

Tu le vois maintenant.
Il s'approche à grand pas.

L'Hiver. Le froid.

Les plumes se lèvent balayées par le vent, 
puis s'écrasent, aplaties par les gouttes de pluie.

Maintenant tu es sur; pas plus tard que demain, aux premières lueurs du jour,
Le chant des ailes couvrira le ciel,
Le ballet des oiseaux migrateurs se produira à l'ombre des nuages.

Voilà, il est l'heure.
Dans un seul battement d'aile,
nous nous élevons.
Nous quittons cette terre pour aller vers le soleil...

Sunday, November 14, 2010

Etre

A quoi pense cet homme, 
Perché sur les rochers? 

Vers quoi tend son regard, 
Absent, présent, 
Au milieu des vagues? 

Que fait-il pour ressembler à une statue, 
Sans vie, pleine de vie? 

Au milieu du vent, 
Il est souffle. 

Debout sur la roche, 
Il est pierre. 

Et la mer s'étend à l'infini...


Tuesday, September 28, 2010

La Plume



Il était une fois une feuille blanche, aussi blanche que la plus blanche des blanches.
L'écrivain la fixait des yeux et on aurait dit que la feuille blanche faisait pareil. 
Elle le fixait de ses yeux invisibles. Un face à face interminable.
Les minutes s'écoulent len...te...ment...
Un vide angoissant.

Un frémissement fait lever la tête de l'écrivain.
Une petite plume s'est introduite par la fenêtre avec le vent.
Elle danse et tournoie au-dessus de sa tête dans un ballet magique.
Elle finit par se poser doucement sur la feuille blanche et son ombre renvoyée par la lampe du bureau, projette mille et un dessins, mille et une courbes. On dirait une tapisserie, on dirait les Indiens d'Amérique ou l'Afrique, qu'importe. Voilà maintenant que se forme dans l'esprit de l'écrivain quantité d'images, quantité d'idées.

La plume se remet à danser, et la main se remet à tracer les lettres d'un conte ou les mots d'un roman. L'écrivain nous fait voyager d'Afrique en Amérique et d'Amérique au monde de tous les possible. Écrire, écrire, écrire. Il ne peut s'arrêter d'écrire. 

Le jour passe,la nuit s'éteint puis un nouveau matin se lève. La feuille blanche est devenue manuscrit; la plume et l'écrivain se sont endormis.



Monday, September 20, 2010

Mountain


Mountain. This is the place where Earth is closer to the Sky.

Mountain, Home of the Light. There, Oh Sun, you were born. 

Mountain, to your heart Water returns and from there is given to the World. 

Mountain, Paradise for the Trees and all the colourful creatures running freely in your generous space. 

In the sea they were born. In the Mountain, Humans they became.