Sunday, November 28, 2010

L'Arbre et l'Enfant




Dans le parc du quartier Gianni, il y avait un arbre, un marronnier.
Il s'appelait Boa.
Bien sur, les hommes ne connaissent pas son nom, seuls les arbres se connaissent et se comprennent.

Ce matin là, Boa ce sentait un peu seul et mélancolique.
Ses amis les autres arbres du parc ne s'en soucièrent guère.
La vie est bien dure dans la ville, avec la pollution, les bruits et les lumières agressives.
Il fallait être fort pour survivre, il fallait être insensible.

Alors Boa, n'ayant personne à qui se plaindre, se tourna vers le ciel et se mit à lui parler:
-Ah si seulement j'avais un ami qui pouvait me comprendre. 
Tous ces hommes passent à nos pieds et s'asseyent à notre ombre; 
mais jamais ils ne nous prêtent attention, jamais ils nous regardent.
Quelle monde indifférent dans lequel nous vivons aujourd'hui.

Alors qu'il baissait son regard, Boa vit un enfant s'approcher.
Soudain, il sauta sur ses branches, et se hissa au sommet de l'arbre sans difficultés.
Bien qu'un peu secoué par la brutalité de l'enfant, Boa se réjouit d'avoir un peu de compagnie.
Il essaya de parler à l'enfant assis sur une de ses plus hautes branches.
Il fit chanter ses feuilles, reluire ses branches au soleil, mais l'enfant n'y prêta pas attention.

-Regarde-moi enfant, écoute-moi, j'ai tant de choses à te dire. 
Tu sais, cela fait vint-cinq ans que j'habite ce parc et jamais personne n'avait encore escaladé mes branches.
Tu est fort, tu es différent des autres. Tu m'entends?

L'enfant ressentait la chaleur de l'arbre et semblait entendre sa voix dans ses pensées, comme dans un rêve.
Il s'exclama: 
-Mais tu es un arbre toi, tu peux pas parler!
-Si, si je peux, si tu veux bien écouter. Les gens sont pressés, c'est pour cela qu'ils ne m'entendent jamais.
Alors ils disent que les arbres sont muets!

L'enfant fut fort surpris et un peu effrayé, il faut dire.
Il descendit de l'arbre à toute vitesse et partit rejoindre ses amis un peu plus loin.
Bien sur il ne dit rien de sa conversation avec le marronnier, personne ne le croirait de toute façon.
Boa criait:
-Attends, attends, ne t'en va pas! Écoute-moi! Laisse-moi te dire...

Mais l'enfant était déjà loin et ne l'entendait plus.
Boa soupira, mais il était content. 
Il était heureux d'être le premier arbre du parc qui avait réussi à parler avec un homme.


 

Saturday, November 27, 2010

En direct de la rue, episode 2: Au rendez-vous des fauchés



Au rendez-vous des fauchés, place Point-Carré,

Y a Mathilda qui danse au son du Djembé,

Yasmina rigole si fort alors que Ali et Mauricio se bagarrent virilement.

Le soir tombe doucement et Layla va encore se faire gronder,

Il est tard et elle n'est toujours pas rentrée!

Jean-Richard et Raymond vident la canette de bière,

Tout à l'heure c'est Hussein qui va la dribbler.

Et une passe magistrale interceptée par Didier, 

Il propulse la canette dans les jambes de l'oncle Bilal.

Assis tranquillement à bavarder avec ses vieux compères,

Le voilà qui se met à hurler et brandir sa canne dans tous les sens.

Décidément, quelle soirée! 

Mais ici, c'est une coutume:

Tous les soirs, les enfants de la cité se retrouvent,

A la place Point-Carré, au rendez-vous des fauchés.

Friday, November 26, 2010

En direct de la rue, épisode 1: Ahmed

-Ahmed, il rigole tout le temps.

Tiens, le voilà qui arrive à l'autre bout de la rue.

T'entends? on entend son rire jusqu'ici!

Tout le temps en train de faire des farces celui-là, j'te jure!

Attention! Il épargne personne.

Voilà il arrive!

Oh mince! la vieille dame qui sort de chez elle avec son chien!

J'espère qu'il va la laisser tranquille, c'est la mère d'un flic!

Aie! oulala! t'as vu comment elle l'a frappé avec son sac?

Une vrai catcheuse! Il a du lui dire un gros truc, laisse tomber!

Tiens Salut Ahmed! Ben alors tu t'es bien fait tabassé là!

Qu'est ce qui s'est passé?

-ben rien de spécial, j'ai juste dit "les chiens passent et les mémés ramassent".

C'était pour rire.

Wednesday, November 17, 2010

L'Oiseau Migrateur

Tu le sais. 
Tu le sens. 
Toute ta chair se crispe. 

L'air a changé. 
Le parfum de la terre remplit tes narines.

Tu le vois maintenant.
Il s'approche à grand pas.

L'Hiver. Le froid.

Les plumes se lèvent balayées par le vent, 
puis s'écrasent, aplaties par les gouttes de pluie.

Maintenant tu es sur; pas plus tard que demain, aux premières lueurs du jour,
Le chant des ailes couvrira le ciel,
Le ballet des oiseaux migrateurs se produira à l'ombre des nuages.

Voilà, il est l'heure.
Dans un seul battement d'aile,
nous nous élevons.
Nous quittons cette terre pour aller vers le soleil...

Sunday, November 14, 2010

Etre

A quoi pense cet homme, 
Perché sur les rochers? 

Vers quoi tend son regard, 
Absent, présent, 
Au milieu des vagues? 

Que fait-il pour ressembler à une statue, 
Sans vie, pleine de vie? 

Au milieu du vent, 
Il est souffle. 

Debout sur la roche, 
Il est pierre. 

Et la mer s'étend à l'infini...