Dans le parc du quartier Gianni, il y avait un arbre, un marronnier.
Il s'appelait Boa.
Bien sur, les hommes ne connaissent pas son nom, seuls les arbres se connaissent et se comprennent.
Ce matin là, Boa ce sentait un peu seul et mélancolique.
Ses amis les autres arbres du parc ne s'en soucièrent guère.
La vie est bien dure dans la ville, avec la pollution, les bruits et les lumières agressives.
Il fallait être fort pour survivre, il fallait être insensible.
Alors Boa, n'ayant personne à qui se plaindre, se tourna vers le ciel et se mit à lui parler:
-Ah si seulement j'avais un ami qui pouvait me comprendre.
Tous ces hommes passent à nos pieds et s'asseyent à notre ombre;
mais jamais ils ne nous prêtent attention, jamais ils nous regardent.
Quelle monde indifférent dans lequel nous vivons aujourd'hui.
Alors qu'il baissait son regard, Boa vit un enfant s'approcher.
Soudain, il sauta sur ses branches, et se hissa au sommet de l'arbre sans difficultés.
Bien qu'un peu secoué par la brutalité de l'enfant, Boa se réjouit d'avoir un peu de compagnie.
Il essaya de parler à l'enfant assis sur une de ses plus hautes branches.
Il fit chanter ses feuilles, reluire ses branches au soleil, mais l'enfant n'y prêta pas attention.
-Regarde-moi enfant, écoute-moi, j'ai tant de choses à te dire.
Tu sais, cela fait vint-cinq ans que j'habite ce parc et jamais personne n'avait encore escaladé mes branches.
Tu est fort, tu es différent des autres. Tu m'entends?
L'enfant ressentait la chaleur de l'arbre et semblait entendre sa voix dans ses pensées, comme dans un rêve.
Il s'exclama:
-Mais tu es un arbre toi, tu peux pas parler!
-Si, si je peux, si tu veux bien écouter. Les gens sont pressés, c'est pour cela qu'ils ne m'entendent jamais.
Alors ils disent que les arbres sont muets!
L'enfant fut fort surpris et un peu effrayé, il faut dire.
Il descendit de l'arbre à toute vitesse et partit rejoindre ses amis un peu plus loin.
Bien sur il ne dit rien de sa conversation avec le marronnier, personne ne le croirait de toute façon.
Boa criait:
-Attends, attends, ne t'en va pas! Écoute-moi! Laisse-moi te dire...
Mais l'enfant était déjà loin et ne l'entendait plus.
Boa soupira, mais il était content.
Il était heureux d'être le premier arbre du parc qui avait réussi à parler avec un homme.
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